lundi 2 janvier 2012

blog inactif. La suite...

Chers amis, comme vous l'avez constaté, ce blog est inactif depuis quelques temps.
Une version site web plus illustrée prendra bientôt le relai. A bientôt et tous mes voeux musicaux pour cette année 2012 !
François Périllon

mardi 29 mars 2011

L'improvisation classique et enthousiaste par Rudolf Lutz

Ce soir-là à Kirchdorf, un petit village d'Argovie, fleuri et à l'atmosphère campagnarde comme il se doit d'un village suisse, l'Eglise catholique du lieu accueillait Rudolf Lutz, improvisateur de Sankt-Gallen.
L'assistance est nombreuse pour un concert d'orgue (enfin, moi qui ai l'habitude des églises vides en France...). Et elle est jeune ! Toutes les tranches d'âge sont représentées, ce qui est aussi particulièrement rare. L'explication ? On la trouve dans l'originalité et la fraîcheur du programme de ce soir.
Un programme très sérieux...
Pourtant, le programme commence très gravement avec une improvisation sur une expression japonaise (gambate, ce qui signifie courage ou force) en hommage aux victimes nombreuses du tsunami, tremblement de terre et de la catastrophe nucléaire en cours.
Le programme de ce soir était tout autant sérieux avec un prélude et fugue (BWV 547 en do Majeur de JS Bach) et d'un choral du même Bach (Ô schmucke dich o liebe Seele) très solennels aux premier abord.
... administré par un professeur un brin facétueux
Mais le concertiste ne se contente pas de jouer, il explique et parfois longtemps. Il chante les motifs, donne quelques éléments d'explication sur la forme. Et surtout, il se donne le prétexte pour réaliser des miniatures improvisées sous forme de Sarabande, Ciacone ou même un premier mouvement de sonate en trio, où chacun aura très clairement reconnu le ou les thèmes que l'organiste aura précédemment cités. Le concert devient alors pédagogie et l'improvisation devient accessible et compréhensible. Certes, Rudolf Lutz se donne un peu en scène, il joue un peu sur sa facilité à manier les formes classiques et les thèmes musicaux. Mais il fait passer avec un certain génie un certain nombre de messages, et surtout celui qui est le plus important : la musique classique et ses règles particulièrement sévères en première apparence peuvent être compréhensibles par tous !
Avant de conclure solennellement le concert par la fugue du Prélude dans la grande tradition de JS Bach, Rudolf Lutz se laisse aller à un petit moment hors des traces du grand Bach pour une petite pièce autour des oiseaux, accompagné pour cela par une petite assistante de 6 ans qui aura la grande responsabilité de tirer le registre du Rossignol (Volgelsang)* alternant aux improvisations tout aussi campagnardes de Rudolf Lutz, ce qui produit un effet assez amusant.

Ce soir, j'ai eu la confirmation de ce que je savais depuis longtemps déjà : Rudolf Lutz est non seulement un organiste fantastique et complet mais un pédagogue enthousiaste et original, ce qui n'est pas facile lorsque l'on parle de deux choses très ambitieuses : l'improvisation et l'oeuvre de JS Bach.
Les enfants émerveillés (comme moi) ont donc pu passer une fin d'après-midi à regarder Maître Lutz, jongler avec les notes comme Dora l'exploratrice joue avec les étoiles.

* le Rossignol (ici appelé Vogelsang) est un mécanisme permettant de reproduire le chant d'un oiseau à l'aide d'un réservoir d'eau et d'une arrivée d'air.

jeudi 24 mars 2011

La culture coûte-t-elle chère?

Exemple de l'improvisation musicale.
Vous voulez aller écouter des improvisateurs en France? Les jeudis de JF Zygel à la Mairie du XXème à Paris : gratuit ! Francis Vidil au conservatoire de Versailles et pour quelques concerts en Vallée de Chevreuse : gratuit ! Nicolas Celoro en concerts à Paris : gratuit (à ma connaissance) !
Concerts-enregistrements de la Maison de la Radio : gratuit
Sans parler des dimanches où vous pouvez entendre Jean-Pierre Leguay à Notre-Dame de Paris, Pierre Pincemaille à Saint-Denis ou Sophie-Véronique Choplin à St Sulpice et d'autres improviser pendant les offices religieux ou pendant les petits concerts hebdomadaires.
En Suisse, le pays le plus cher d'Europe (c'est un connaisseur qui parle) :
Concert Rudolf Lutz de dimanche dernier à Kirchdorf (AG) : gratuit. Et en plus, pour le prix (gratuit) du concert, vous avez animation culturelle pour les enfants (voir mon blog sur ce concert).
Et pour pratiquer : les deux journées de master-classes d'improvisation/contrepoint à la Schola Cantorum de Bâle : entièrement gratuites, y compris un concert !
Le festival de musique improvisée de Lausanne : tous les concerts gratuits. Bon, il faut débourser 50,- par journée de cours (38 euros), mais sachez qu'il est possible de séjourner chez un particulier à Lausanne, sur demande et pour la modique somme de 7 euros.
Sur la totalité des concerts européens annoncés sur mon blog à l'heure actuelle, rares sont les concerts payants ou à plus de 16 euros ! Cela n'empêche (surtout) pas de récompenser le virtuose à la sortie du concert. Le talent et le travail doivent aussi être récompensés, mais c'est là une autre question.

Bref, qui dit encore que la culture est onéreuse?

dimanche 30 janvier 2011

Francis Vidil (chronique de concert)

Francis Vidil donnait ce soir du vendredi 21 janvier 2011 son habituel concert de nouvelle année à Versailles, dans la salle de concert décrépie du Conservatoire régional à rayonnement régional.
Un concert pédagogique
Des amis, des élèves, des admirateurs sont présents. Francis Vidil est professeur de piano et d'improvisation au conservatoire et - pédagogue doué - sa prestation est d'abord pour ses élèves. Un concert est un moment de pédagogie, auquel on vient pour admirer le maître, écouter une musique totalement improvisée, et parfois discerner de courtes dédicaces à telle ou tel sous forme de citations musicales ou de tics admirablement reproduits. Et surtout, c'est l'occasion de voir le Maître toucher le piano et composer à lui seul le programme et les morceaux.
Théâtre et musique
Comédien né, Francis Vidil aime également jouer avec un public fidèle et complice qui n’hésite d’ailleurs pas à lui donner la réplique ! Le Maître joue également avec le temps, laissant de grands moments de suspens, se faisant parfois (trop?) désirer.
Aucune redite, aucun effet préparé, tout est improvisation, y compris sa gestion du temps et des interventions orales, où l'on retrouve toujours un sens certain de l'humour.
Le don de savoir être "classique"
Et pourtant, il change. Francis Vidil devient "classique". A l'exubérance et aux pots pourris de l'improvisateur espiègle succède maintenant la musique d'un professeur de conservatoire assagi, où s'impose une technique maîtrisée. Illustration par ces improvisations "classiques", tout au long des deux premiers "sets", tout entiers placés dans une atmosphère romantique. Parmi les pièces les plus réussies de ce concert, un prélude de style Rachmaninov, bien construit (un peu trop long?), suivi d'une rhapsodie mêlant des styles manouches et orientaux. Le toucher est très puissant, le piano résonne formidablement et sans excès. Ce soir-là plus que les autres, Francis Vidil utilise assidûment les sons graves du grand piano Steinway, avec une insistance et constance telles que l'on en vient à regretter un rééquilibrage de tessiture... à moins que ce ne soit l'âge vénérable de l'instrument (20 ans) qui rende plus périlleux le jeu dans les aigus.
Une fin jubilatoire
A la fin des deux premières parties, pour les bis (ou le troisième "set"), voici revenu (mais nous avait-il vraiment quitté?) un Francis Vidil espiègle, convoquant à la fois Casimir, Mozart, la Panthère Rose et des grommellements à la Keith Jarreth sans oublier les sons de cloches d'église, dont il a fait sa marque de fabrique. L'improvisation devient alors débridée et le musicien si sérieux (en apparence?) redevient un grand enfant.

On se rappelle alors de son propos plein d'autodérision du début de concert : "Comme d'habitude je ne sais pas quoi faire". L'inspiration vient en improvisant, et c'est une démonstration maîtrisée que vient de nous faire Francis Vidil.


(photo : avec l'autorisation de Francis Vidil)

samedi 29 janvier 2011

Ouverture du blog Impromuz ! et invitation au voyage

Bienvenue sur ce blog personnel dédié à l'improvisation en musique !

L'improvisation musicale, mais c'est du jazz !
Lorsque « improvisation musicale » est cité, les connaisseurs de la musique ont spontanément en tête des solos endiablés de Billy Holiday ou de Bill Evans. D'autres plus férus de musique « classique » imaginent le géant courbé sur son piano du nom de Franz Lizst, lancé dans une cadence virtuose dans une ambiance survoltée ou un jeune Wolfgang-Amadeus Mozart maniéré improvisant une sonate devant un public attendri. L'image de l'improvisation musicale fait référence à celle du jazz actuel ou de la musique pratiquée par de lointains encêtres, extasiés.
Pour les plus religieux d'entre nous, cela nous rappelle également l'organiste créant des variations sur le chant de communion pour «meubler».
La plupart ignorent que l'improvisation est à la base de toute musique, que les compositeurs célèbres ont souvent d'abord (chronologiquement) pratiqué l'improvisation avant de coucher tout cela sur papier. Bach, Mozart, Beethoven, Messiaen, pour ne citer qu'eux étaient de merveilleux improvisateurs.
Et l'improvisation musicale était pratiquée dans tous les salons, concerts ou évènements plus ou moins mondains. Tout musicien pouvait – sans prétention – réaliser une improvisation, tant soit peu limitée.
Et à notre époque, qui improvise?
Les musiciens pratiquant régulièrement en concert l'improvisation sont très rares et quasi exclusivement des organistes. Et pourtant ! L'improvisation est désormais enseignée sur tous les instruments, et donc pas seulement sur l'orgue. De nombreux musiciens pratiquent également l'improvisation en privé... et de manière souvent remarquable. Pourquoi ne trouve-t-on donc pas d'improvisation en concert? Censure des festivals et salles de concert ? Appréhension ou modestie des musiciens face à la création musicale? Public non réceptif? Toutes ces questions actuellement sans réponse me semblent si intéressantes à étudier !
Pourquoi dédier un blog à l'improvisation musicale?
De nombreux artistes, critiques et journalistes ont déjà parlé et écrit de l'improvisation en musique. D'excellentes émissions, blogs ou revues traitent mieux que moi des aspects techniques de cet art et des évolutions esthétiques des artistes le pratiquant.
Ce blog veut rendre hommage à ces artistes et (tenter) de participer à la connaissance et à la diffusion de la musique improvisée. Le rêve secret de l'auteur est peut-être aussi de contribuer à ce que des musiciens découvrent leurs propres facultés créatrices ainsi qu'à séduire de nouveaux publics !

Selon mes possibilités, je m'efforcerai de publier régulièrement des portraits ou des chroniques de concert, sachant que bien entendu, le plus intéressant se vit en concert (en live, dit-on).

Bienvenue donc dans le monde du merveilleusement éphémère.